mercredi 26 juin 2013

L'inter-contrat

Quand Aurore est née, nous avons eu beaucoup de chance dans notre malheur. Aurore a vécu avec son papa et sa maman pendant les huit premiers mois de sa vie. Je suis scripte, donc intermittente du spectacle et Jean-François est informaticien. Je n'ai pas voulu reprendre le travail tout de suite pour pouvoir rester avec elle. Jean-François est prestataire et la mission sur laquelle il était depuis six ans s'est arrêtée à la fin du mois de septembre.
A la naissance d'Aurore, Jean-François travaillait le matin, venait s'occuper de moi à l'hôpital et nous partions ensemble voir Aurore à l'autre bout de Paris. Après quatre jours de ce rythme infernal il a fait un malaise et mon médecin l'a arrêté tout de suite, pendant trois semaines, jusqu'à son congé paternité. Il est donc retourné travailler mi septembre pour quinze jours.
Ensuite l'inter-contrat a commencé. On appelle inter-contrat la période entre deux missions. Jean-François est depuis onze ans dans sa boîte et il a toujours enchaîné les missions. Mais pas cette fois. Pendant cette période, il est payé comme avant mais doit être disponible à tout moment si on l'appelle pour une nouvelle mission. Le téléphone n'a pas sonné une seule fois en huit mois. Il se rendait une fois par semaine à une réunion inter-contrat et était avec nous le reste du temps.
Quelle belle période. Nous avons pu être parents à temps complet et cela n'a pas de prix. Nous n'avons rien raté des premières fois d'Aurore, nous avons été présents à chacun de ses mensiversaires, nous avons fait un milliard de photos, de vidéos, nous nous sommes baladés dans la France et la Belgique. Nous avons profité de nos familles et de nos amis.
Jean-François qui est papa pour la troisième fois a rassuré la jeune maman que je suis. Il a su m'aider à ranger mes angoisses au plus profond de moi, à ne rien laisser paraître pour ne pas stresser Aurore.
Je ne le répèterai jamais assez mais quelle chance j'ai de l'avoir à mes côtés, quelle chance Aurore a de l'avoir comme papa.

Jeff façon Dexter


Jeff toujours prêt en toute circonstance...

Les mois se sont ainsi écoulés mélangeant amour, joies, angoisses, pleurs, rires et premières fois.... Et puis est venue cette envie, cette décision de changer de vie, de partir loin...

mardi 18 juin 2013

Maman

Hier soir, nous étions Aurore et moi avec nos amis Laurent et Cécile venus spécialement de Lyon pour nous. Jean-François avait du partir travailler en urgence car un de ses collègues était absent. Il a fait très lourd toute la journée avec un vent violent. Et pendant que je faisais prendre le bain à Aurore les premières gouttes de pluie sont tombées. Comme d'habitude je lui ai donné son repas du soir dans notre chambre, allongée sur notre lit. Elle a bu son biberon tranquillement et s'est endormie avant de le terminer. Je l'ai couchée et j'ai rejoint nos amis. Pendant l'apéro, l'orage a commencé. Et Aurore s'est réveillée. Je l'ai descendue avec nous et lui ai refait un petit biberon qu'elle a bu dans les bras de Cécile. Nous sommes remontées et restées un petit moment dans ma chambre. Elle était tranquille, papotait avec son biberon, me regardait, me faisait des grands sourires. Je me suis dit "il faut que je grave ce moment dans ma mémoire, que je n'oublie rien de cet instant". Tout était calme et beau, ses babillements, ses sourires, la façon dont elle tenait son biberon (elle n'arrive pas encore à boire toute seule). Elle se tournait, se retournait, avançait un peu, reculait, se blottissait contre moi, prenait son pouce dans sa bouche et appuyait sa tête sur moi. Elle était bien et moi aussi. Comment peut-on aimer quelqu'un autant ? L'aimer plus que tout au monde, plus que soi... Toutes ces pensées fusaient dans ma tête.
Et là elle s'est tournée vers moi et a dit "maman". Mon coeur a explosé dans ma poitrine et s'est arrêté de battre. Est-ce que j'ai bien entendu ? Elle a vraiment dit ça ?  J'ai peut-être rêvé...